Pourquoi un spectacle en entrée libre ?
- Le Théâtre du Mauvais Garçon
- il y a 1 jour
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Pourquoi un spectacle en entrée libre ?
C’est une question qui m'a été posée cette semaine « Si ton spectacle est bon, pourquoi tu ne fais pas payer un vrai billet ? Ça ferait plus professionnel... »
La réponse est simple… mais aussi complexe.
D’abord, il y a la philosophie du Théâtre du Mauvais Garçon : garder la culture accessible. Je viens d’un milieu où aller au théâtre, ce n’était pas dans les habitudes. Ce n’était pas une question d’intérêt, mais de moyens. J’ai toujours dit que le théâtre doit aller vers les gens, pas l’inverse. Alors oui, l’entrée libre, c’est une manière concrète de dire :
« Viens. Peu importe ton portefeuille. Laisse-toi raconter une histoire. »
Mais il y a aussi une réalité économique derrière tout ça. Jouer dans une salle traditionnelle, ça implique beaucoup de frais : location, technique, billetterie, publicité, assurances, etc. Pour espérer ne pas être en déficit, il faudrait vendre les billets à 25 ou 30 $. Et encore là, avec ces prix, je réduis mon public. Beaucoup de gens n’osent simplement pas acheter un billet à ce prix, surtout pour un spectacle qu’ils ne connaissent pas encore. Résultat : je risquerais de jouer devant des rangées à moitié vides…et d’être en déficit malgré le prix d’entrée.
En choisissant de présenter le spectacle au Musée POP, dans une formule plus simple, plus humaine, les coûts baissent énormément.Je n’ai plus besoin de “vendre” 100 billets pour respirer. Je peux donc m’en remettre à la contribution volontaire, à la confiance, et au jugement du public. Les gens donnent selon leur appréciation, leurs moyens, leur ressenti. Et, étonnamment, ça fonctionne. Les spectateurs sont souvent plus généreux que ce qu’un prix fixe permettrait. Parce qu’ils sentent qu’ils participent à quelque chose de vrai.
Et pour moi, comme artiste, il y a là un avantage immense : je garde ma liberté. Je n’ai pas à me battre contre les chiffres de billetterie, à me demander si “ça va remplir”, à transformer mon art en produit. Je peux me concentrer sur ce que j’ai à dire, sur ce que j’ai à offrir. Je peux inviter les gens à entrer dans mon univers, sans leur imposer un prix d’entrée comme on impose une barrière.
Et il y a un autre aspect dont on parle rarement :dans ce modèle-là, l’argent retourne directement à ceux qui créent. Près de 90 % des contributions vont aux artistes et artisans du spectacle. Pas à des intermédiaires, pas à des plateformes, pas à une structure lourde. C’est de plus en plus rare aujourd’hui, dans le milieu culturel,et c’est ce qui rend cette façon de faire plus juste, plus vraie, plus humaine.
Je sais que, pour certains, un spectacle gratuit semble suspect. On se dit : “Si c’est gratuit, c’est peut-être amateur.”Mais non. C’est libre. Libre de prix, libre de pression, libre de calculs. C’est du théâtre qui cherche à rejoindre tout le monde surtout ceux qui pensent que “ce n’est pas pour eux”.
Alors oui, mon spectacle est en entrée libre. Mais il n’est pas gratuit. Il coûte de l’énergie, de la passion, du travail, du cœur. Et il se paye autrement :en regard, en écoute, en présence, en partage.
C’est tout ce que je demande.



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