

Première réplique
Un quizz pour s’amuser avec les grands classiques du théâtre.
Une première réplique (entre les guillemets) et une courte mise en contexte qui pourrait servir d'indice.
Chaque jour (pour les 16 prochains jours), sur Facebook,je vous propose une réplique : quelques mots, parfois célèbres, parfois énigmatiques. À vous de deviner de quelle pièce il s’agit.
Pas de choix de réponses, pas de piège. Juste le plaisir de la découverte.
Prenez le temps, faites vos paris, fouillez votre mémoire… ou laissez-vous surprendre.
Sur cette page, vous trouverez les réponses dévoilées au fil des jours, avec une courte mise en contexte pour mieux savourer ces premières phrases qui en disent déjà long.
Je vais tenir un classement: (Le titre 1 point, l'auteur 1 point, l'année de publication 1 point, le personnage 1 point et un partage de la publication, 1 point)
Premières répliques de pièces de théâtre
1. Ubu Roi
Première réplique : "Merdre !"
Personnage : Le Père Ubu
Auteur : Alfred Jarry
Année de publication : 1896
Commentaire : Cette réplique célèbre et provocatrice a fait scandale lors de la première représentation au Théâtre de l'Œuvre en décembre 1896. Le mot "Merdre" (avec un "r" ajouté) était une invention de Jarry pour contourner la censure tout en conservant le caractère choquant du propos. Cette première réplique donne immédiatement le ton de cette pièce qui révolutionna le théâtre moderne par son côté grotesque et avant-gardiste.
2. Hamlet
Première réplique : "Qui va là?"
Personnage : Bernardo (un garde)
Auteur : William Shakespeare
Année de publication : 1603 (première édition in-quarto), puis 1623 (Premier Folio)
Commentaire : Cette réplique d'ouverture est particulièrement frappante car elle pose immédiatement la question de l'identité, thème central de toute la tragédie. Ironiquement, c'est Bernardo qui demande "Qui va là ?" alors qu'il arrive pour prendre la relève de Francisco - normalement, c'est la sentinelle en poste qui devrait poser cette question. Cette inversion subtile crée d'emblée une atmosphère d'incertitude et de trouble qui caractérise toute la pièce.
3. Phèdre
Première réplique : "Le dessein en est pris : je pars, cher Théramène,"
Personnage : Hippolyte
Auteur : Jean Racine
Année de publication : 1677
Commentaire : Cette première réplique d'Hippolyte s'adresse à son gouverneur Théramène et annonce immédiatement son intention de partir de Trézène. Elle établit d'emblée le ton de la tragédie classique avec son alexandrin parfait et introduit le personnage d'Hippolyte dans sa volonté de fuir, ce qui est ironique puisque c'est justement cette fuite qui va déclencher la passion fatale de Phèdre.
4. La Cantatrice chauve
Première réplique : "Tiens, il est neuf heures. Nous avons mangé de la soupe, du poisson, des pommes de terre au lard, de la salade anglaise. Les enfants ont bu de l'eau anglaise. Nous avons bien mangé, ce soir. C'est parce que nous habitons dans les environs de Londres et que notre nom est Smith."
Personnage : Mme Smith
Auteur : Eugène Ionesco
Année de publication : 1950
Commentaire : Cette longue tirade d'ouverture de Mme Smith établit immédiatement l'absurdité qui caractérise tout le théâtre de Ionesco. Le caractère mécanique et illogique de ce monologue (pourquoi dire qu'on s'appelle Smith parce qu'on habite près de Londres ?) annonce la déconstruction du langage et de la communication qui traverse toute la pièce, œuvre fondatrice du théâtre de l'absurde.
5. Les Belles-Sœurs
Première réplique : "Misère ! Qu'est-ce que c'est ça moman ?"
Personnage : Linda Lauzon (la fille de Germaine)
Auteur : Michel Tremblay
Année de publication : 1968
Commentaire : Cette première réplique de Linda, qui découvre sa mère en train de coller des timbres, lance effectivement la pièce et introduit immédiatement le contexte familial et le registre de langue caractéristique de l'œuvre de Tremblay. Cette pièce révolutionnaire a marqué la naissance du théâtre québécois moderne en donnant pour la première fois la parole aux femmes de la classe ouvrière dans leur propre langue.
6. Antigone (Anouilh)
Première réplique : "Eh bien, voilà. Ces personnages vont vous jouer l'histoire d'Antigone."
Personnage : Le Prologue (ou Le Chœur)
Auteur : Jean Anouilh
Année de publication : 1944
Commentaire : Cette première réplique du Prologue/Chœur s'adresse directement au public et présente les personnages qui sont déjà en scène. Cette entrée en matière théâtrale, typique du style d'Anouilh, brise le quatrième mur dès l'ouverture et annonce la dimension méta-théâtrale de cette réécriture moderne du mythe antique de Sophocle, créée sous l'Occupation en 1944.
7. Tartuffe
Première réplique : "Allons, Flipote, allons, que d'eux je me délivre."
Personnage : Madame Pernelle
Auteur : Molière (Jean-Baptiste Poquelin)
Année de publication : 1669
Commentaire : Cette première réplique de Madame Pernelle, la mère d'Orgon, s'adresse à sa servante Flipote alors qu'elle quitte précipitamment la maison familiale, exaspérée par l'attitude de sa belle-famille envers Tartuffe. Cette sortie colérique de la grand-mère établit immédiatement le conflit central de la pièce : l'aveuglement d'une partie de la famille face à l'hypocrisie religieuse de Tartuffe.
8. Huis clos
Première réplique : "Alors voici."
Personnage : Le Garçon (le valet de chambre/guide)
Auteur : Jean-Paul Sartre
Année de publication : 1944
Commentaire : Cette première réplique très brève du Garçon s'adresse à Garcin qu'il vient d'introduire dans le salon qui servira de décor unique à toute la pièce. Ces deux mots simples marquent l'entrée dans cet "enfer" particulier où trois personnages vont découvrir que "l'enfer, c'est les autres". Le dépouillement de cette ouverture contraste avec l'intensité psychologique qui va suivre dans cette pièce existentialiste majeure.
9. Le Vrai Monde
Première réplique : "T'es-tu promené sur des routes de terre tout ce temps-là ?"
Personnage : Alex (dans la pièce de Claude)
Auteur : Michel Tremblay
Année de publication : 1987
Commentaire : Cette réplique s'adresse à Alex (dans la fiction de Claude) et ouvre directement sur la pièce dans la pièce. Elle établit immédiatement le ton familier et le registre de langue québécois caractéristiques de Tremblay, tout en lançant cette œuvre complexe sur les rapports entre l'art et la réalité familiale dans cette pièce métathéâtrale où Tremblay explore les rapports entre la réalité et la fiction.
10. Knock ou le Triomphe de la médecine
Première réplique : "Tous vos bagages sont là, cher confrère."
Personnage : Le docteur Parpalaid
Auteur : Jules Romains
Année de publication : 1924
Commentaire : Cette réplique de Parpalaid s'adresse à Knock qui vient d'arriver pour le remplacer. Elle marque le début de la passation entre l'ancien médecin du village et le nouveau, annonçant la transformation radicale que Knock va opérer dans ce petit bourg de Saint-Maurice en transformant tout un village en malades imaginaires, incarnant la satire féroce que fait Jules Romains du charlatanisme médical.
11. La Mouette
Première réplique : "Pourquoi portez-vous toujours du noir ?"
Personnage : Medvedenko
Auteur : Anton Tchekhov
Année de publication : 1896
Commentaire : Cette première réplique de Medvedenko s'adresse à Macha, établissant immédiatement l'atmosphère mélancolique qui caractérise cette pièce de Tchekhov. La question sur les vêtements noirs de Macha (qui répond qu'elle porte le deuil de sa vie) donne le ton de cette œuvre sur les amours contrariées, les ambitions artistiques déçues et la difficulté de communiquer, typique du théâtre tchekhovien.
12. Mademoiselle Julie
Première réplique : "Mademoiselle Julie est complètement folle ce soir ; complètement folle !"
Personnage : Jean
Auteur : August Strindberg
Année de publication : 1888
Commentaire : Cette première réplique de Jean s'adresse à Christine, la bonne, et annonce immédiatement le comportement inhabituel de Mademoiselle Julie lors de cette soirée de la Saint-Jean. Cette observation établit d'emblée l'atmosphère de transgression sociale et sexuelle qui va caractériser cette pièce naturaliste intense, où les barrières de classe vont s'effondrer en une seule nuit fatale.
13. Le Dindon
Première réplique : "Ah ! mon Dieu ! Allez-vous en, monsieur !… Allez-vous en !…"
Personnage : Lucienne
Auteur : Georges Feydeau
Année de publication : 1896
Commentaire : Cette réplique d'affolement et de chassé-croisé donne immédiatement le ton du vaudeville feydelien avec son rythme effréné et ses situations embarrassantes. L'exclamation paniquée de Lucienne annonce parfaitement l'enchaînement de quiproquos et de situations rocambolesques qui caractérisent cette comédie de boulevard.
14. Le Bourgeois gentilhomme
Première réplique : "Venez, entrez dans cette salle, et vous reposez là, en attendant qu'il vienne."
Personnage : Le Maître de musique (s'adressant à ses musiciens)
Auteur : Molière (Jean-Baptiste Poquelin)
Année de publication : 1670
Commentaire : Cette réplique du Maître de musique à ses musiciens ouvre la pièce en installant le décor et l'attente de Monsieur Jourdain, le protagoniste qui ne va pas tarder à arriver pour ses leçons. Elle établit immédiatement le ton de cette comédie-ballet où les maîtres sont là pour exploiter la vanité et la naïveté de ce bourgeois qui rêve de devenir gentilhomme.
15. Roméo et Juliette
Première réplique : "Deux famille d'égale noblesse, dans la belle Vérone où nous plaçons notre scène"
Personnage : Le Chœur (Prologue)
Auteur : William Shakespeare
Année de publication : 1597 (première édition in-quarto)
Commentaire : Cette première réplique du Prologue en forme de sonnet commence par présenter les "deux maisons" (Montaigu et Capulet) "égales en dignité" dans la belle Vérone. Ce prologue célèbre révèle d'emblée le destin tragique des amants ("star-cross'd lovers") et résume toute l'intrigue de la pièce, selon la tradition du théâtre élisabéthain.
16. En attendant Godot
Première réplique : "Rien à faire."
Personnage : Estragon
Auteur : Samuel Beckett
Année de publication : 1952
Commentaire : Cette première réplique d'Estragon, qui essaie d'enlever sa chaussure, résume à elle seule toute la philosophie de cette pièce emblématique du théâtre de l'absurde. Ces trois mots simples annoncent l'attente vaine, l'impuissance et l'absurdité de la condition humaine que Beckett va explorer tout au long de cette œuvre majeure du XXe siècle.