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Créer à l’abri… jouer dans le bruit. Réflexions après huit représentations

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Ça fait deux semaines que je suis en représentation.Huit fois où j’ai joué Chasser des galeries. Huit fois où j’ai raconté mes histoires, dans des contextes variés, devant des publics différents à chaque représentation.


Et tranquillement, des constats émergent. Des questions. Des doutes.


Le contraste entre deux mondes

Le spectacle, je l’ai créé dans Le Studio. Un lieu que j’adore. Un espace de création que je me suis bâti avec soin, patience, fierté.Un endroit calme, isolé, sans distraction. Un cocon.

C’est là que j’ai installé la poésie du spectacle. Avec la musique. Les effets sonores. Les silences entre les mots. C’est là que j’ai pu rêver le spectacle comme un tout : fluide, intime.

Mais voilà… depuis que je suis sorti du Studio, depuis que je joue pour vrai, je me rends compte que j’ai peut-être créé un spectacle qui ne vit bien pas dans son environnement actuel.


Je me suis retrouvé dans le bruit, la rue, le béton, devant des spectateurs de passage, des enfants qui courent, des gens qui écoutent d’une oreille ou qui s’arrêtent deux minutes. Un contexte très loin du cocon silencieux où le spectacle a pris forme.

Et là, une pensée m’a traversé :

Ai-je fait l’erreur classique du théâtre ? S’isoler trop longtemps pour créer un spectacle, puis s’étonner qu’il ne soit pas en phase avec le monde réel ?

M’adapter ou résister ?

Je suis souvent le premier à dire qu’il faut s’adapter. Et c’est ce que j’ai fait. J’ai allégé certains passages. Raccourci certains moments. Écoute le public. Improvisé.

Mais l’adaptation a un prix. Elle place souvent le spectacle dans une sorte d’entre-deux. Rien n’est vraiment assumé. Ce n’est plus tout à fait le spectacle que j’ai créé… mais ce n’est pas encore un autre non plus. Un flou. Une version hybride. Une zone grise.

Et pourtant…Il y a eu deux représentations, sur huit, où tout s’est aligné. Le public était complice, attentif, présent, ricaneur. La magie a opéré. Le spectacle était là. Vraiment là. Et dans ces moments-là, je me suis dit :  Ça fonctionne! 


Une autre version à inventer ?

Dans mes discussions avec Isabel, ma conjointe (et complice de réflexion), une idée revient :

Ce spectacle-là mériterait une version en salle.

Pas pour le figer, ni le « gentrifier » ou l’embourgeoiser. Mais pour lui donner l’espace d’atteindre ce que j’avais imaginé au départ. Laisser la poésie respirer. Laisser les silences exister. Laisser la mise en scène jouer son rôle.

En ce moment, le spectacle tente de vivre dans un environnement qui n’est pas tout à fait le sien. Et moi, je suis pris entre deux élans : tenir le cap ou m’ajuster sans me trahir.


Et maintenant ?

Je continue les représentations. Je continue à apprendre. Je reste à l’écoute.

Mais je garde en tête cette phrase, un peu comme une boussole :

Créer à l’abri, c’est bien. Mais jouer dans le bruit, c’est la réalité.

Et peut-être qu’un jour, j’aurai le luxe, ou la chance, de faire vivre les deux versions du spectacle.Celle rêvée dans le Studio. Et celle improvisée dans la rue.

Les deux sont vraies.Mais ce n’est pas la même histoire qu’elles racontent.


 
 
 

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