Mot des créateurs...
- Le Théâtre du Mauvais Garçon
- 3 nov.
- 4 min de lecture

Mot de Stéphane Bélanger Auteur, metteur en scène et interprète.
On a tous déjà dit, un jour ou l’autre, « ce monde-là… ». Souvent sans méchanceté. Par habitude, ou pour se rassurer un peu. Comme si ce monde-là appartenait toujours aux autres à ceux qu’on regarde de loin, à ceux qu’on pense différents.
Mais avec le temps, j’ai compris que ce monde-là, c’est pas juste « l’autre bord de la voie ferrée ». C’est nous tous. Parce qu’on a tous nos manques, nos maladresses, nos bouts égratignés, nos contradictions. Et qu’à un moment ou un autre, on devient toujours ce monde-là de quelqu’un d’autre.
Chasser des galeries est né de ce constat. De l’envie de tendre l’oreille plutôt que de lever le menton. D’aller voir ce qu’il y a de beau, de drôle, de poétique dans les ruelles, les galeries, les vies dites ordinaires.
Je voulais un théâtre qui sente la vie vraie. Un théâtre qui rit, qui sacre un peu, qui trébuche parfois, mais qui aime fort. Un théâtre qui relie plutôt qu’il ne sépare. Parce que, finalement, les histoires qu’on raconte ne servent pas à juger : elles servent à se reconnaître.
Ce monde-là, c’est pas une catégorie sociale. C’est un miroir. Il vit dans nos gestes, nos silences, nos maladresses et nos espoirs. Il se glisse dans nos contradictions et nos petites fiertés. Et si on prend le temps de l’écouter vraiment il nous raconte tout ce qu’on partage d’humain.
Alors, ce soir, je vous invite à vous asseoir sur la galerie. À écouter, à rire, à réfléchir un peu…Et à vous souvenir qu’on fait tous partie du même grand quartier humain.
Merci à ceux et celles qui m’ont inspiré, soutenu et accompagné dans cette aventure. Aux spectateurs, surtout ceux qui viennent écouter, qui rient, qui pleurent, qui reconnaissent un bout d’eux-mêmes dans ces histoires. C’est pour vous qu’on continue de raconter.
Envie de poursuivre la rencontre ?
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Mot d'Isabel Marchand Assistante, technicienne et muse...
Il y a dix ans, j'ai rencontré Stéphane.
Dix ans que je l'entends parler de ce spectacle-là. Dix ans qu'il me raconte des bouts d'histoires, des idées qui lui viennent à 2h du matin, des répliques qu'il teste sur moi pendant qu'on fait l'épicerie. Dix ans à me dire : « Un jour, je vais faire mon spectacle solo. »
Ben ce soir, c'est ce jour-là. Ça s'est pas fait d'un coup. Ça s'est construit par étapes, par couches, comme on bâtit une maison avec ce qu'on a sous la main.
L'été dernier, Monsieur Stéphane est né. Pas Stéphane le gars que je connais depuis dix ans, non, Monsieur Stéphane le personnage. Celui qui porte toutes les histoires que Stéphane avait besoin de raconter mais qu'il savait pas encore comment dire. Cet été, il a écrit une première ébauche. Il l'a testée. Il l'a retravaillée. Il a sacré contre ses textes. Il a pleuré aussi, quelques fois. Il a douté souvent. Pis ce soir, vous allez voir la version finale.
L'aboutissement de dix ans de réflexions sur sa vie, sur le théâtre, sur la société. Sur ce que ça veut dire de venir d'où il vient. Sur ce que ça coûte de vouloir raconter des histoires quand on t'a jamais donné la permission de le faire.
Moi, j'ai fait des études en technique de scène. J'ai appris les lumières, le son, la régie, toute la mécanique qui fait qu'un spectacle existe vraiment. J'ai aimé ça. Beaucoup.
Mais quelque part en chemin, j'ai mis ça de côté. La vraie vie, comme on dit. Les jobs qui payent les comptes. Les rêves qu'on range dans des boîtes en se disant « un jour, peut-être ».
Ce spectacle-là, c'est pas juste celui de Stéphane.
C'est aussi le mien.
C'est mon retour au théâtre. C'est ma façon de renouer avec cette passion-là que j'avais mise en veilleuse. C'est mon propre rêve qui se réalise, en même temps que le sien.
Parce que oui, c'est l'histoire de Monsieur Stéphane. Mais c'est aussi son histoire. Celle de Stéphane, l'homme que je connais depuis dix ans.
Ce soir, vous allez plonger dans ses racines profondes. Dans son enfance passée dans ce quartier oublié, de l'autre bord de la voie ferrée. Dans ses souvenirs de ruelles mal éclairées, de galeries encombrées, de voisins qui devenaient de la famille. Vous allez entrer dans sa vision intime de la vie. Celle qui s'est construite à travers les regards de travers, les moqueries, les silences lourds. Mais aussi à travers les rires, la solidarité, les histoires racontées sur des chaises de cuisine.
Vous allez voir ce qu'il a mis dix ans à trouver le courage de montrer.
Moi, j'ai eu le privilège de le voir construire tout ça. De le voir hésiter, recommencer, se battre avec ses mots. De le voir devenir Monsieur Stéphane petit à petit.
J'ai vu les pages s'empiler sur notre table de cuisine. J'ai entendu les répétitions à voix haute dans le salon. J'ai été sa première spectatrice, celle qui dit « Non, cette joke-là marche pas » ou « Oui, ce bout-là, ça me fait pleurer ».
Pis ce soir, je suis pas juste sa blonde qui l'accompagne.
Je suis l'assistante qui croit en ce projet-là. La technicienne qui veut que vous voyiez ce spectacle dans les meilleures conditions possibles. La complice qui sait que ce qu'il a à dire mérite d'être entendu.
Ce spectacle-là, c'est un cadeau qu'il vous fait. Mais c'est aussi un cadeau qu'il nous fait, à nous deux. Parce qu'on l'a rêvé ensemble, construit ensemble, porté ensemble.
Alors merci d'être là ce soir.
Merci de prendre le temps d'écouter.
Merci de traverser la voie ferrée avec nous.
Bienvenue dans notre monde-là.



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