Et si on laissait un pourboire… au théâtre ?

Et si on laissait un pourboire… au théâtre ?

Dans le cadre de ma série de réflexions sur le théâtre, j’aime parfois m’aventurer sur des terrains un peu plus inattendus. Des idées qui frôlent l’absurde, mais qui, au fond, révèlent quelque chose de bien réel. Aujourd’hui, je me suis demandé : on laisse des pourboires partout — au resto, chez le coiffeur, dans le taxi… pourquoi pas au théâtre ? La question peut sembler saugrenue, mais elle mérite peut-être d’être posée.

On laisse un pourboire au restaurant. Chez le coiffeur. Au taxi. Au livreur. Même une petite pièce au musicien dans le métro qui massacre Knockin’ on Heaven’s Door avec sa guitare désaccordée.

Mais au théâtre ? Rien. On paye le billet, on s’assoit, on applaudit, et on rentre chez soi comme si de rien n’était.Les acteurs peuvent avoir transpiré, frôlé la tendinite, épuisé leurs cordes vocales et leur dignité… et il n’y a même pas un petit deux dollars à la sortie, ne serait-ce que pour se payer un Gatorade et récupérer un peu de sel minéral.

Pourquoi pas une petite cagnotte de sortie, très clairement identifiée :

« Pour les artistes – Merci de ne pas confondre avec la billetterie »

Pas une collecte pour le diffuseur. Pas une contribution volontaire à la mission socio-culturelle d’une institution reconnue. Non non.Un vrai pourboire. Un geste direct. Brut. Sans intermédiaire.

Une sorte de pot de fin de représentation.

Vous avez adoré la scène finale ? Pling.Le comédien a oublié son texte mais s’en est sorti avec un aplomb phénoménal ? Pling-pling. La comédienne vous a fait rire avec une simple intonation ? Pling-pling-pling. Ou — tout simplement — le silence de la dernière scène vous a arraché une émotion que vous n’avez pas encore digérée ? Pling… (et peut-être même une larme avec).

Parce qu’il ne s’agit pas seulement de récompenser le rire.Parfois, un drame bien mené donne autant — sinon plus — envie de laisser quelque chose.Un geste discret pour dire : « merci de m’avoir secoué ».

On pourrait même imaginer une tendance : « Spectacle à contribution fixe + pourboire conseillé » ou « Spectacle Payez-ce-que-vous-voulez + bonus pour les artistes si frisson collectif en dernière minute »

Des salles plus courageuses iraient jusqu’à afficher les statistiques à la sortie :

« Pourboire moyen par spectateur ce soir : 0,87 $ ,peut mieux faire. »

Alors oui, ça ne se fera probablement jamais.Mais peut-être qu’en en parlant, on réalise quelque chose :Que le billet donne le droit d’assister à une œuvre… mais le pourboire pourrait devenir un geste de reconnaissance directement adressé aux artistes.

Un signe simple. Humain.

Comme dire : « Merci. Ce soir, vous avez un peu amélioré ma journée. »