J’ai l’goût de vous parler… de création.
- Le Théâtre du Mauvais Garçon
- il y a 18 heures
- 3 min de lecture

Réflexion: Le calcul, la copie et la création
On parle souvent de « créer » comme si c’était magique. Comme si un artiste se levait le matin, recevait un éclair dans le front pis disait : « Ah voilà, une idée jamais vue ! »
Dans la vraie vie, ça se passe rarement comme ça. Créer, c’est un grand mélange. Un peu d’instinct, un peu de souvenirs, un peu de techniques qu’on connaît trop bien, un peu d’affaires qu’on vole sans s’en rendre compte, pis un peu de calcul assumé.
Ça a pas l’air romantique, mais c’est vrai.
L’inspiration : ça arrive quand ça arrive
On ne choisit pas ce qui nous inspire.On peut juste reconnaître que ça nous reste collé quelque part.
Une phrase entendue dans l’autobus. Un prof qu’on a eu au secondaire. Un acteur qu’on a vu une fois pis qu’on a jamais oublié. Un tableau, un film, un morceau de musique. Ça s’entasse, ça se mélange.
On n’appelle pas ça « copier ». On appelle ça « vivre ».
Pis quand vient le temps de créer, bien… tout ça ressort.
Le calcul : le bout moins glamour, mais tellement important
Le calcul, c’est le moment où tu dis :
« Si je mets ce silence-là ici, le public va respirer. »
« Cette scène-là, faut qu’elle arrive plus tard. »
« Ce gag-là, faut que je l’amène autrement. »
« Cette phrase-là, je la garde pas. »
C’est un mélange entre l’instinct pis le métier. C’est pas une trahison. C’est juste… faire son travail. Même si on aime faire croire qu’on improvise tout, la vérité c’est que plusieurs de nos meilleurs moments sont construits, préparés, travaillés. Calculer, c’est s’assurer que l’émotion passe.
La copie : le mot qu’on n’aime pas, mais qu’on fait tous
On copie toujours quelque chose, même si on le fait pas exprès. On a vu des centaines de spectacles, de films, de tableaux.On a été marqué par des artistes qui nous ont formés sans jamais nous rencontrer.
Alors oui, parfois on reprend un rythme. On emprunte une couleur, un ton, un geste, un style. Le danger, c’est de copier sans transformer.Mais copier pour comprendre ? Copier pour faire autrement ? Copier parce que ça fait partie de nous ? Ça, c’est normal.
On n’est pas des photocopieuses. On est des éponges. On absorbe, pis on remet ça en mouvement.
Alors, la création pure… ça existe ?
Si par « pure », on veut dire :« quelque chose qui sort de toi pis qui vient de nulle part »?Non. Personne ne crée à partir de zéro.On a tous des influences, des coups de cœur, des obsessions, des blessures, des modèles, des références.
Mais si « pure », ça veut dire :« quelque chose que tu fais avec ton vécu, ton instinct, ta manière d’être au monde »?
Alors oui. Cent fois oui.
La création pure, c’est pas l’absence d’influence. C’est la présence de toi, au milieu de tout ce que t’as absorbé.
Créer, c’est faire du neuf avec ce qu’on traîne depuis toujours
On mélange ce qu’on a vu, ce qu’on a aimé, ce qu’on voudrait oublier, ce qu’on comprend, ce qu’on comprend pas, ce qu’on rêve et ce qu’on ose pas dire.
Le résultat, c’est toi. +Ça ressemble à d’autres choses? Peut-être. Mais ça prend vie différemment parce que c’est toi qui le fais.
Créer, c’est juste prendre tout ça pis dire : « Voici ce que ça donne quand ça passe par moi. »
Et ça, personne d’autre peut le faire à ta place...
— Stéphane Bélanger créateur du Théâtre du Mauvais Garçon



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