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 J’ai l’goût de vous parler...

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(Chronique de Stéphane Bélanger — Théâtre du Mauvais Garçon)

Parfois, avant de plonger dans un nouveau projet, j’ai juste envie de prendre un moment pour jaser. Pas pour analyser ou expliquer.Juste pour parler comme on parlerait à un ami qu’on n’a pas vu depuis longtemps.

J’ai l’goût de vous parler

Ce soir, j’ai pas envie de parler de théâtre, ni de création, ni de mise en scène. J’ai juste… l’goût de vous parler.


Peut-être parce que plus j’avance, plus j’me rends compte que tout ce que je fais part souvent de là : une envie de jaser. De raconter un p’tit bout de vie, une idée, un doute, un espoir. Pas pour impressionner. Pas pour convaincre. Juste pour me sentir en lien.

J’vous imagine pas comme une foule, ni comme un public anonyme. J’vous imagine un par un. Quelqu’un qui m’écoute, quelqu’un qui lit, quelqu’un qui s’arrête deux minutes dans sa journée. Pis quand j’reçois un message qui dit :« Hey Stéphane, à cause de ton quiz ou ta capsule, j’ai eu l’goût de relire Molière. » ou encore :« Ton affaire sur Shakespeare… j’pensais pas aimer ça, mais j’me suis surpris à chercher la pièce sur Internet »,ben là, j’me sens fier.


Pas fier de moi, non. Fier que la curiosité ait fait son chemin. Que les mots aient voyagé jusqu’à quelqu’un. Parce qu’au fond, c’est ça qui me garde debout : sentir que mes petites folies servent à rallumer quelque chose chez d’autres.


Mais j’vous cacherai pas que j’me sens souvent imposteur. J’me dis : « Qui j’suis, moi, pour parler de Shakespeare, de Molière ou de Maupassant ? »J’me revois dans ma petite pièce de Trois-Rivières, à bricoler mes projets, à douter, à me demander si tout ça fait une différence. Pis chaque fois, y’a ce même vertige : le doute qui revient, mais la parole aussi. Comme un réflexe de vie.


Y’a des jours où j’me sens minuscule dans l’univers du théâtre. Pis d’autres jours où j’me rappelle que, quelque part, quelqu’un a redécouvert un auteur parce que j’lui ai tendu un clin d’œil numérique. Ça vaut toutes les subventions du monde, ça.


Et là, j’vous écris à dix-huit jours de la première de Chasser des galeries. Autant vous dire que la panique embarque. Je me réveille la nuit en pensant à une lampe qui marche pas, à un texte à ajuster, à un effet qui tombera peut-être à plat. Je me dis : « T’aurais pu faire plus simple, Stéphane. » Mais le matin, quand j’ouvre les lumières du studio, ça s’apaise. Parce que je me souviens que ce projet-là est né du même endroit que tout le reste : du besoin de parler, de raconter, de créer du lien.


Le lien, c’est fragile. Ça se construit pas avec du bruit, mais avec de l’attention. C’est pour ça que j’ai eu envie d’écrire cette chronique. Pas pour me justifier, ni pour expliquer. Juste pour dire où j’en suis, en toute simplicité.


Entre deux projets, y’a toujours ce silence un peu vertigineux où je me demande :« Et si j’avais plus rien à dire ? »Pis à chaque fois, la réponse finit par venir toute seule :« Tant que t’as l’goût de parler, t’as quelque chose à dire. »


Alors voilà.C’est ma première lettre. Elle sent la nervosité, l’espoir, la gratitude. J’suis pas certain de tout, mais j’sais une chose : j’ai encore l’goût de vous parler. Pis j’espère que vous aurez encore l’goût de m’écouter un brin.

 
 
 

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