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Jerzy Grotowski : Le théâtre pauvre et l’acteur total

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1. Contexte

Jerzy Grotowski (1933–1999) est un metteur en scène et pédagogue polonais qui a marqué le théâtre de la seconde moitié du XXᵉ siècle.Formé en Pologne puis en Russie, il fonde dans les années 1950–60 le Teatr Laboratorium à Opole, puis à Wrocław. Ses créations (comme Le Prince constant ou Apocalypsis cum figuris) frappent par leur intensité et leur radicalité.


Grotowski rejette l’idée que le théâtre doive rivaliser avec le cinéma ou le grand spectacle. Pour lui, le théâtre possède une ressource unique : l’acteur en chair et en os face au spectateur. Il propose donc un art dépouillé, réduit à l’essentiel, qu’il appelle le théâtre pauvre.


2. Idée-force

Le théâtre pauvre repose sur un principe : tout ce qui n’est pas absolument nécessaire doit disparaître.


  • Pas de décors monumentaux, pas de costumes luxueux, pas d’effets techniques.

  • Le centre, c’est la relation entre l’acteur et le spectateur.

  • L’acteur doit se livrer totalement, corps et âme, dans une discipline extrême.


Grotowski parle de l’acteur total : un être qui, par le travail physique, vocal et spirituel, devient un instrument vivant, capable d’atteindre une vérité organique. Il voit le théâtre comme une forme quasi sacrée, une rencontre qui a la puissance d’un rituel.


3. Aspect critique

La pensée de Grotowski a profondément influencé le théâtre contemporain (de Brook à Barba en passant par de nombreux pédagogues). Mais elle n’est pas exempte de critiques :


  • Exigence extrême : sa méthode demandait une discipline quasi ascétique. Beaucoup d’acteurs n’arrivaient pas à suivre cette rigueur.

  • Risque de dérive mystique : en rapprochant le théâtre d’un rite spirituel, certains y ont vu un danger de dogmatisme ou d’élitisme.

  • Marginalisation du spectateur : si le théâtre devient un laboratoire fermé, on peut se demander ce qu’il reste pour le public.


Pourtant, son apport reste fondamental : il a rappelé que le théâtre pouvait se passer de tout, sauf de l’acteur et du spectateur.


4. Exemple pratique

Exercice : Le dépouillement scénique


  1. Donner à l’acteur une scène avec plusieurs accessoires.

  2. Rejouer la même scène en retirant un à un ces objets, jusqu’à ce qu’il n’ait plus rien.

  3. Demander alors à l’acteur de recréer les objets manquants uniquement par son corps, sa voix et son imagination.


But recherché : faire comprendre que la force du théâtre ne réside pas dans l’artifice, mais dans la créativité et la présence de l’acteur.


5. Conclusion – Ouverture

Jerzy Grotowski a poussé le théâtre dans ses retranchements les plus radicaux : dépouillé, ascétique, centré sur l’acteur total. Son héritage est une leçon de sobriété : le théâtre n’a besoin que d’un espace, d’un acteur et d’un spectateur.


Mais d’autres penseurs ont proposé une approche plus ouverte, moins radicale, qui cherchait à rassembler plutôt qu’à dépouiller. C’est le cas de Peter Brook, qui a transformé la célèbre formule « l’espace vide » en une réflexion universelle sur le théâtre comme rencontre essentielle et simple, mais toujours ouverte sur le monde.

 
 
 

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