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Peut-on se rencontrer à mi-chemin ?

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Réflexion sur l’art, la complexité, la littératie et notre époque numérique (Recherche et analyse fait avec l'aide de Chat GPT)


La littératie : un constat de départ

On entend parfois dire que « les gens ne s’intéressent plus à l’art » ou qu’ils manquent de curiosité intellectuelle. Certains vont même jusqu’à associer cette situation à une forme de paresse. Mais qu’en est-il réellement ?


Les données racontent une autre histoire. Selon le Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PIAAC), le Canada obtient un score moyen de 271 points en littératie, soit bien au-dessus de la moyenne de l’OCDE (260 points). Sur le papier, tout semble aller pour le mieux.


Mais si on regarde la répartition, environ la moitié des adultes canadiens n’atteignent pas le niveau 3, c’est-à-dire le seuil jugé nécessaire pour comprendre un texte un peu élaboré.


L’analogie de la classe canadienne

Pour saisir cette nuance, imaginons une classe de dix élèves.


  • Quatre d’entre eux obtiennent 100 % : ils comprennent tout, brillent dans l’analyse.

  • Trois autres décrochent un 60 % : ils s’en sortent, mais avec difficulté.

  • Les trois derniers plafonnent à 30 % : dès que l’exercice se complique, ils se perdent.


La moyenne de la classe est de 64 %. Pas si mal, dirait-on. Mais la vérité est que six élèves sur dix n’ont pas atteint le niveau requis.


C’est exactement la situation canadienne : une moyenne flatteuse qui place le pays dans le haut du classement international, mais qui masque une fracture profonde à l’intérieur.

Derrière "l'acceptable" du résultat, une partie importante de la population reste en difficulté dès que la lecture demande un effort soutenu.


Le numérique : un facteur aggravant ?

À ce constat déjà préoccupant s’ajoute la réalité d’aujourd’hui : le numérique a changé notre rapport à la lecture.


  • Les plateformes sociales privilégient les messages courts, visuels, immédiats.

  • La lecture soutenue, elle, demande du temps, de la concentration, un effort cognitif de moins en moins sollicité.

  • Même les médias traditionnels adaptent leurs contenus : textes raccourcis, fractionnés, remplacés par de la vidéo ou de l’infographie.


Ce glissement culturel fait que la « moitié en difficulté » risque non seulement de stagner, mais de s’éloigner encore plus de la lecture complexe.


L’art et le public : un fossé de perception

Pendant que la capacité moyenne de lecture recule, les artistes, eux, tendent à multiplier les niveaux de lecture :


  • Références historiques, symboliques, philosophiques.

  • Narrations déconstruites, langages codés.

  • Œuvres qui exigent de la patience et un effort d’interprétation.


Pour certains spectateurs, c’est stimulant. Mais pour une large partie du public, c’est vécu comme une barrière infranchissable. Résultat : désintérêt, ou impression que « l’art n’est pas pour eux ».


L’éternel débat : élever ou descendre ?

Deux visions s’affrontent depuis toujours :

  1. L’artiste qui élève : proposer des œuvres exigeantes, élever le public quitte à laisser derrière ceux qui ne suivent pas.

  2. L’artiste qui descend : simplifier, vulgariser, divertir. Mais ce choix est parfois accusé de « vendre son âme », de faire de la « prostitution artistique ».


Ce faux dilemme enferme l’art dans une impasse.


Et si on se rencontrait à mi-chemin ?

Plutôt que de penser en termes de haut et de bas, pourquoi ne pas penser en termes de rencontre ?


  • Offrir des portes d’entrée accessibles : humour, émotions, images concrètes, récits incarnés.

  • Permettre à ceux qui veulent rester à la surface d’y trouver une expérience pleine et légitime.

  • Mais garder aussi des couches plus profondes pour ceux qui souhaitent creuser.


C’est exactement ce que faisaient Shakespeare et Molière : le peuple riait aux éclats, les lettrés y lisaient des critiques sociales fines.


La mission de l’art aujourd’hui

Dans un monde où une personne sur deux peine à lire un texte un peu élaboré, et où le numérique favorise des formes de communication toujours plus rapides et légères, la mission de l’art pourrait être de réinventer les points de rencontre.


L’artiste qui trace ce chemin partagé ne renonce pas à sa complexité. Au contraire, il la rend vivante et partageable. Il rappelle que l’art n’est pas un sanctuaire réservé aux initiés, mais un terrain commun où chacun peut entrer selon son bagage.

Peut-être est-ce là le plus bel enjeu de l’art contemporain : non pas élever ni descendre, mais nous rencontrer à mi-chemin.


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