Retrouver la culture de quartier : une piste oubliée?
- Le Théâtre du Mauvais Garçon
- 25 août
- 3 min de lecture

Depuis quelque temps, je m’interroge sur le rôle qu’on donne à la culture dans notre ville. Après avoir parlé du choix des rôles au théâtre, ou encore du rapport des artistes avec les institutions, je reviens aujourd’hui sur une question qui me semble essentielle : où se vit la culture? À Trois-Rivières, on a pris l’habitude de la centraliser dans les grandes salles et les événements officiels. Mais en faisant cela, n’a-t-on pas tranquillement laissé tomber la culture de proximité celle des quartiers, des parcs, des fêtes de rues? Et si une partie de la solution pour retisser le lien entre les artistes et le public se trouvait justement là, dans ces lieux du quotidien qu’on a trop vite oubliés?
À Trois-Rivières, comme ailleurs, l’essentiel de la vie culturelle s’est tranquillement centralisé. Les grandes salles, les festivals officiels, les événements soutenus par les institutions : voilà désormais où il faut aller pour « consommer » de la culture. Rien à redire sur la qualité de ces propositions, mais quelque chose s’est perdu en chemin.
Il fut un temps où la culture se vivait aussi dans les quartiers. Dans les parcs, on croisait des amuseurs publics, des musiciens, des conteurs. Dans les centres de loisirs, on montait des spectacles communautaires. Les fêtes de rues faisaient vibrer chaque secteur de la ville, et les écoles accueillaient régulièrement des artistes pour faire découvrir le théâtre, la danse ou la musique aux jeunes. Cette proximité créait un dialogue naturel entre l’artiste et le public.
Aujourd’hui, cette vitalité s’est déplacée vers les lieux officiels, administrés et programmés par des fonctionnaires culturels. Loin de moi l’idée de diaboliser ces institutions elles font un travail essentiel. Mais ne serait-il pas temps de se demander si la solution pour retisser le lien avec le public ne se trouve pas justement du côté des quartiers?
Une culture vivante ne peut pas être confinée à quelques lieux prestigieux. Elle doit se glisser dans la vie quotidienne. Imaginez : un spectacle de conte dans un parc de Cap-de-la-Madeleine, une fanfare improvisée devant un centre communautaire de Sainte-Marguerite, une fête de ruelle où théâtre et musique se mêlent au barbecue des voisins. Pas besoin de gros budgets ni de logistique lourde : parfois, un banc de parc et une guitare suffisent pour rallumer l’étincelle.
Recréer cette dynamique, c’est aussi redonner aux citoyens le sentiment que la culture leur appartient. Que ce n’est pas réservé à une élite ou à ceux qui peuvent se payer des billets, mais que ça fait partie du tissu même de la communauté. Chaque quartier a ses histoires, ses couleurs, ses habitants pourquoi ne pas leur offrir un espace culturel à leur image?
La centralisation actuelle a ses avantages, mais elle a aussi un coût : celui d’une distance symbolique entre l’art et la population. Réintroduire la culture dans les parcs, les centres de loisirs, les écoles, c’est ouvrir des portes. C’est dire aux gens : « La culture n’est pas ailleurs, elle est ici, dans votre quotidien, dans votre voisinage. »
Alors, si on cherche des solutions pour rapprocher artistes et public, peut-être faut-il commencer par décentraliser. Sortir des murs officiels, investir les lieux de vie, et renouer avec l’esprit de la fête populaire. Parce qu’au fond, la culture n’est jamais aussi forte que lorsqu’elle circule librement, de la rue au salon, du voisin à l’artiste, du quotidien à l’imaginaire.
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